La Résidence des Ducs de
Bretagne Du 14ème siècle
à aujourd’hui

Selon la tradition, la Terre de Trédion était autrefois possédée par des cadets de la Maison de Bretagne ; le château est alors un rendez-vous de chasse des ducs bretons lorsqu’ils séjournent à Elven. La construction date vraisemblablement du 14ème siècle. En effet, un acte daté de 1427 relate déjà l’existence du Manoir.

Résidence des ducs de Bretagne

Jusqu’au début du XVIIème siècle, Trédion fait partie de Largoët de sorte que le seigneur possédant l’un des fiefs est aussi titulaire de l’autre.
D’après Hervé du Halgouet, un descendant d’Alain Le Grand aurait hérité de Largoët qui, au XIIème siècle passait aux Malestroit.

Les Malestroit possèdent Trédion jusqu’au milieu du XVème.
En 1461, Françoise Raguenel, dame de Malestroit, épouse Jean IV, sire de Rieux et de Rochefort, maréchal de Bretagne. Ce seigneur décède peu de temps après la restauration du manoir de Trédion sur la façade duquel il avait fait sculpter ses armoiries.

Claude I de Rieux, fils de Jean IV et d’Isabeau de Brosse, sa troisième épouse, hérite de Largoët et de Trédion en 1518. Après sa mort en 1532, Suzanne de Bourbon gère ses biens. Trédion passe alors à Renée de Rieux qui vient d’épouser, en 1541, Louis de Saint-Maure, marquis de Nesle.

Renée de Rieux décède en décembre 1567 sans laisser d’enfants. Ses biens, dont Trédion, passent alors à son neveu Guy-Paul de Coligny (1555-1586).
En 1584, deux ans avant sa mort, Guy-Paul de Coligny vend Largoët et Trédion à la princesse de Salm, sa belle-mère.

Anne de Coligny, fille de la princesse de Salm, hérite ensuite de Largoët et de Trédion qu’elle vend le 7 juillet 1613 à Jean de Rieux-Assérac. A sa mort, en 1630, Jean-Emmanuel de Rieux-Asserac, gouverneur de Guérande, hérite de Tredion, mais il est bientôt couvert de dettes et doit se résigner à la dispersion de ses biens en 1643.

Pierre II de Sérent obtint en 1650, en considération de ses services, des Lettres Patentes pour la réunion et la création en Vicomté de ses terres. Mais en même temps, Nicolas Fouquet (1615-1680), surintendant des Finances de louis XIV, se rend acquéreur de Largoët qu’il ne veut pas voir emputé de Tredion. Fouquet essaie, mais en vain, de récupérer la propriété de Pierre de Sérent.

Il apparait que Charles II de Lorraine, duc d’Elbeuf et pair de France (1596-1657) est alors propriétaire en Trédion. Son épouse, Catherine-Henriette, est sa fille légitime du roi de france Henri IV et de Gabrielle d’Estrées.
En fait, entre 1650 et 1675, il peut subsister un doute quant au nom du propriétaire de la demeure seigneuriale.

Une certitude toutefois : en 1676, les héritiers de Charles II de Lorraine doivent vendre les « terre, chasteau, seigneurie de Trédion ». Les acquéreurs sont Louis Alvarez, trésorier des cents-Suisses de Sa Majesté et Martin Moisan, bourgeois de Paris qui, dès le 8 Novembre 1683, en revendant les deux tiers à Marguerite Sapien, épouse séparée de biens de Charles Fouquet de la Ferronnière (cousin de Nicolas Fouquet, intendant de Louis XIV, qui ayant de son vivant amassé une immense fortune de par ses fonctions, sera à l’origine de la légende du trésor enfoui par Charles Fouquet, son parent, sous un chêne du Parc du château).
Charles Fouquet meurt au château de Trédion, où il est inhumé en sa chapelle le 6 septembre 1704. Sa fille, qui a hérité de Trédion, meurt également au château le 18 mai 1740.
Guy-Joseph-Joachim de Lantivy, fils de Sylvie Fouquet qui avait épousé le 25 janvier 1709 Yacinthe de Lantivy hérite alors de Trédion. Il décède le 13 janvier 1751 et inhumé le lendemain « dans la sépulture de ses ancêtres, en la chapelle du château de Trédion ».
Son fils Jean-Louis de Lantivy devient propriétaire des lieux mais quand arrive la Révolution, le châtelian de Trédion préfère fuir.

Après la tourmente révolutionnaire, le château est vendu au citoyen Guillenet. Le 6 novembre 1825, Guillenet revend la propriété à Pierre-Marie Tuffier, lequel s’en dessaisit le 21 juillet 1834 au profit d’Hippolyte du Fresne de Virel, qui établit à Trédion, en 1840, un « Haut Fourneau » pour moulage des objets en fonte.

L’agrandissement du Château

Peu après la mort de son père, Henri-François-Eustache du Fresne de Virel décide la restauration du château de Trédion en 1851-1852. Ces travaux, qui peuvent s’apparenter à une reconstruction, sont confiés à Jacques Mellet, architecte rennais.

Ils seront achevés en 1859 et coûteront environ 300.000 francs de l’époque. Mellet ne conserve de la demeure du XIVème siècle (la partie Est) que les ouvertures. Ce « logis » qui n’était qu’un corps d’hôtel dépourvu de tout apparat militaire a été radicalement transformé par l’adjonction d’une aile perpendiculaire, au Nord. La capacité du château de Trédion passe alors de 9 à 34 pièces.
La « castellisation » du château s’est opérée par la construction des tours d’angle, ce qui leur a permis de passer du statut de manoir à celui de château dans le domaine architectural.

Vingt-cinq ans plus tard, en 1844, Henri du Fresne de Virel décide une seconde campagne de travaux. Il en confie la réalisation à l’architecte parisien Ch. Lorotte qui ajoute alors « un second bloc d’habitation à l’extrémité ouest de l’aile nouvelle » et « une grande serre, portée sur colonnes de fonte, qui double la distribution des salons sur la face sud ». Alors que Mellet a soigné l’esthétique de l’exterieur, Lorotte privilégie la beauté depuis l’intérieur.

Henri du Fresne, comte de Virel, décède le 27 janvier 1892. Il laisse 2 fils : Alban-Victor, héritier de Trédion, et Olivier (né en 1841).

Alban de Fresne, comte de Virel, est propriétaire des terres nobles de Trédion, du Grégo (en Surzur) et du Vaudequip (près d’Allaire) dans le Morbihan, de Virel (en Renac) en Ille-et-Vilaine, du Plessis en saint-Aubin-des-châteaux près de Chateaubriand en loire-Inférieure et de Percey dans l’Yonne.

Son fils, Arthur-Conrad-Guilaume du fresne de Virel, né le 14 janvier 1878, hérite de Trédion. Il décède le 28 octobre 1915 à l’âge de 37 ans. Son fils Antoine-André-Alban du Fresne de Virel, né à Paris le 6 février 1906 hérite du château. Il a une fille, Antoinette. Il décède le 29 janvier 1940.

Antoinette du Fresne de Virel, héritière de Trédion épouse le Vicomte Jacques de Rougé.
Un compromis de vente est signé au profit d’un promoteur immobilier de Vannes, Guy Turpin le 22 octobre 1977 et l’acte définitif le 30 septembre 1978.

D’illustres invités

Si le château de Trédion a connu d’illustres propriétaires dans la période du XIVe au XIXème siècle, il a reçu de plus illustres invités encore dont :

  • Le Roi François 1er qui, le 31 août 1518, se restaura et logea au château une nuit avant de rejoindre le lendemain « Vannes, petite cité de 9000 âmes ».
  • La Reine mère Catherine de Médicis, en 1570, régente du Royaume. Durant les guerres de religion qui divisèrent les Français à la fin du XVIè siècle, Catherine de Médicis joua sur la rivalité « entre les Grands catholiques et les Grands Protestants » pour les affaiblir et s’imposa comme arbitre indispensable. C’est dans cette optique qu’il faut situer la visite de Catherine de Médicis à Trédion en mai 1570.
  • Charles IX vient séjourner un mois à Châteaubriand. Le roi est accompagné de sa mère et d’une suite importante. Il séjourne ensuite au château de la Forêt Neuve, en Glénac (près de Redon), chez Guy de Rieux.

François 1er

Accompagné de la Reine Claude de France
François 1er, désireux de faire découvrir le royaume à son épouse, la Reine Claude De France, fille d’Anne de Bretagne (mais née à Romorantin en 1499), débutent leur périple par la visite du Duché de Bretagne qu’elle a hérité de sa mère et qu’elle ne connait pas.
A cette occasion, venant de Nantes et se dirigeant vers Vannes, ils feront halte au Manoir de Trédion le 31 août 1518, où ils se restaureront et logeront une nuit avec leur escorte, dont on dit qu’elle comprenait plus de 10.000 personnes et dont la caravane s’étalait sur des dizaines de kilomètres…

 

Catherine de Médicis

Hôte de Gaspard de Coligny, chef des protestants, au château de Trédion en mai 1570

Catherine de MédicisCatherine de Médicis accompagne-t-elle le roi chez Guy de Rieux ? Nous n’en avons pas la moindre preuve. Nous savons par contre qu’elle est l’hôte des Coligny à Trédion quelques jours plus tard (les Coligny et les Rieux étant les plus belliqueux des Protestants de Bretagne).
Guy-Paul de Coligny hérite de Trédion en 1567. En mai 1570, Guy-Paul de Coligny n’a que 15 ans. Son oncle, l’amiral de France, Gaspart de Coligny, est-il à Trédion pour y recevoir la Reine mère? Nous ne pouvons l’affirmer, mais c’est vraisemblable.

Catherine de Médicis réside au château de Trédion au moins à deux reprises. Une première fois du 19 au 23 mai 1570, où elle écrit une lettre à « Messieurs les Présidents Nicolay et maitre des comptes Guyot, conseillers du Roy monsieur mon fils, Charles IX, datée du « XIXe jour de may 1570″, dont les termes sont reproduit ci-dessous (fac similé et traduction en vieux français, lettre consultable à la bibliothèque nationale).

Un peu plus tard, durant une semaine, elle séjournera à nouveau au château.
Par un second courrier il ressort que Charles IX n’a pas accompagné Catherine de Médicis à Trédion.

La reine-mère n’a cependant pas quitté le roi et abandonné le train fastueux de la cour sans motif important.
Au cours de ce séjour, elle ébauchera le traité de paix de Saint-Germain qui sera signé le 8 août 1570 reconnaissant aux protestants la liberté de conscience et l’autorisation de pratiquer leur culte.
Mais la trêve sera de courte durée. Catherine de Médicis va bientôt considérer comme néfaste l’influence de Gaspard de Coligny sur le roi… Les protestants seront massacrés dans la nuit de la Saint Bathélémy le 24 août 1572.